L’exposition ALIF – A Journey into Salim Le Kouaghet’s World est une invitation à pénétrer dans l’univers d’un peintre de la mémoire, du signe et de l’exil. Elle marque un moment historique : pour la première fois, l’œuvre de Salim Le Kouaghet est présentée en Algérie, son pays natal, après un long parcours en France et à l’international.
Le titre ALIF renvoie à la première lettre de l’alphabet arabe, symbole d’origine, de verticalité et de commencement. Cette lettre traverse l’ensemble de l’œuvre de Salim Le Kouaghet comme une colonne de sens, un point de départ sans fin. Stylisée, réinventée, confrontée à d’autres graphies, elle devient la matrice d’un langage pictural unique.
Salim Le Kouaghet déploie depuis les années 1970 une œuvre dense, marquée par les blessures de la guerre d’Algérie, l’expérience de l’exil, la réinvention de la mémoire. À travers ses toiles, il superpose les strates : signes amazighs, graphies libres, bandes colorées, textures et fragments de souvenirs.
Son travail est habité par des lieux concrets — Aïn Askar, D’Arcy-Sainte-Restitue, Oran, Paris, Londres... mais aussi par des espaces symboliques : la maison vide, le douar détruit, le jardin disparu, Wast-ed-Dar. Il fait dialoguer l’intime et le politique, la tradition et la modernité, la rupture et la continuité.
Après avoir été exposé à Londres, puis à Paris, ALIF s’installe à Oran comme une manière de refermer une boucle — ou de l’ouvrir autrement. Ce retour, loin d’être nostalgique, réactive les questions qui traversent toute son œuvre : Que reste-t-il d’un lieu perdu ? Comment écrire ce que l’on ne peut dire ? Que devient l’identité quand elle est sans territoire fixe ?
ALIF est moins une rétrospective qu’une traversée. Une traversée des signes, des douleurs, des lumières. Une plongée dans un monde pictural autonome, mais traversé par l’histoire.